Buffet campagnard by Cizia Zike

Buffet campagnard by Cizia Zike

Auteur:Cizia Zike [Zike, Cizia]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Ramsay
Publié: 1990-01-09T04:00:00+00:00


Il fut tenté de rentrer à la maison, mais il avait passé la majeure partie de ces derniers jours enfermé dans la chambre, et n’avait aucune envie d’y retourner.

En outre, il ne voulait croiser aucun des de Sangrès.

Il préféra continuer sa promenade dans le parc. Il marcha au hasard, bientôt absorbé dans ses pensées.

Ce jardin était une merveille, une véritable féerie de couleurs vives au sein d’une verdure presque tropicale. L’air, immobile, comme enserré sous la voûte des pins, était chargé de senteurs. Les fleurs, dans cette touffeur ombrée, à cette heure déjà avancée de la matinée, exhalaient et mêlaient leurs capiteux parfums.

César se rendit bientôt compte qu’il avait à peine visité ce parc, pourtant exceptionnel. Il n’en connaissait, après onze jours passés dans la propriété, que les abords immédiats de la maison.

Il suivit, à environ deux cents mètres de la façade Est, un chemin de haies rigoureusement taillées, rectiligne, qui débouchait sur un petit rond-point au centre duquel une vierge de pierre priait, la tête inclinée sur le côté.

Il la contourna. La végétation devenait plus dense et plus désordonnée, au fur et à mesure qu’il s’éloignait de la maison. Les pins étaient plus rares, dégageant de larges trouées de soleil. Les taillis étaient plus épais et plus secs.

Il longea un bassin de pierre surmonté d’un Neptune qui avait dû être une fontaine, maintenant asséchée, puis des colonnes, vestiges vraisemblables d’un petit théâtre romain de fantaisie.

Bientôt, il arriva au mur d’enceinte de la propriété, un rempart de grosses pierres naturelles imbriquées les unes aux autres, sans trace de ciment, haut de deux bons mètres cinquante et couvert, dans sa majeure partie, de rosiers et de mûriers emmêlés.

Il examina un moment l’ouvrage : une œuvre de brute, à la fois simple et assez solide pour durer des siècles.

Il décida de le longer, contournant parfois les buissons.

Après quelque trois cents mètres, il parvint à un angle et poursuivit de la même manière.

Et plus il avançait, plus une question s’imposait à lui.

Ces imbéciles ! se répétait-il, ils en ont bien mis une, quand même !…

Au bout d’une heure, alors qu’il atteignait le côté sud, le côté ferme de la Casa de Sangrès, il acquit une certitude : sur toute cette partie du mur, il n’y avait pas d’ouverture, pas la moindre poterne, même pas une lucarne ou une simple brèche.

Ces cons-là ont oublié la porte ! Ah ce sont bien des sauvages, tiens… Pour se rendre derrière, ils sont obligés de faire tout le tour du parc… C’est ridicule.

Face à lui, s’étendait un monde aride de roches et de poussière, écrasé par la lumière blanche implacable du soleil.

Il avança, plissant les yeux.

La Tour aux cochons, dominant de sa masse les petits bâtiments de ferme qui l’entouraient, était parfaitement silencieuse. Carnelle avait dû nourrir ses bébés roses !

Derrière, s’allongeait une bande de terrain rocailleux, nu, aux maigres buissons roussis par le soleil. Et puis encore un mur. Le même mur d’enceinte.

Au-delà dans la campagne brûlée, encore des murs, à l’infini.

Des murs… Des murs… Ils sont malades de murs, ici.



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